Machine d’Anticythère ? Mais qu’est-ce que cette drôle de machine ?

Chronologiquement, nous savons que de nombreuses machines ont été innovées dans le passé, mais ces anciennes civilisations pour qui, la plupart sont méconnues par le public, n’était elle plus intelligentes que celle que nous avons en ce moment même ?  Là est notre question en vous partageant cette nouvelle : Le 17 mai 2017 fut le 115ème anniversaire de la découverte de la Machine d’Anticythère.

Selon les chercheurs, Anticythère n’est autre que «le premier calculateur analogique antique connu à ce jour.» Cet outil qui sert à calculer des positions astronomiques tient son nom de l’île grecque d’Anticythère où ont été découverts il y a 116 ans, en 1901, les fragments de l’unique exemplaire répertorié dans le monde.

Appelée également mécanisme d’Anticythère,

est considérée comme le premier calculateur analogique antique permettant de calculer des positions astronomiques. C’est un mécanisme de bronze comprenant des dizaines de roues dentées, solidaires et disposées sur plusieurs plans. Il est garni de nombreuses inscriptions grecques.

On connaît de la machine d’Anticythère un unique exemplaire, dont les fragments ont été trouvés en 1901 dans une épave, près des côtes de l’île grecque d’Anticythère, entre Cythère et la Crète. L’épave était celle d’une galère romaine, longue d’une trentaine de mètres, qui a été datée d’avant 87 av. J.-C..

La machine d’Anticythère est le plus vieux mécanisme à engrenages connu. Ses fragments sont conservés au musée national archéologique d’Athènes.

Origine et datation :

Faute d’indices plus complets, les premières études avaient assimilé l’âge du mécanisme à la date du naufrage du navire, soit 87 av. J.-C.. De nouvelles études l’estiment plus ancien ; entre la fin du IIIe et la moitié du IIe siècle avant J.C.

L’identité du concepteur est débattue. Il pourrait s’agir de l’une des personnes suivantes :

Le lieu de conception pourrait avoir été :

  • Rhodes : l’astronome Hipparque et le savant Posidonios y vivaient, et cette île était un centre intellectuel très important à l’époque, notamment dans le domaine astronomique ;
  • Syracuse : c’est à Syracuse que vivait Archimède dont des témoignages laissent penser qu’il avait réalisé (ou fait réaliser) au moins deux autres mécanismes de bronze ayant des fonctions comparables.

Mais selon l’astro-physicien et astronome Denis Savoie, il s’avère que d’aucun des astronomes antiques grecs précédemment cités ne nous soit parvenu le moindre écrit direct tendant à prouver qu’il existait réellement un tel savoir astronomique grec.

La date la plus probable de l’objet est -87, qui correspond historiquement à l’époque hellénistique, avec la présence de la dynastie des Lagides en Égypte antique, qui aurait récupéré le savoir des anciens Égyptiens et ce notamment grâce au zodiaque de Denderah.

À l’époque de la période hellène existaient de nombreux échanges entre la Grèce et l’Égypte antique, il est donc possible, selon Denis Savoie, que la machine d’Anticythère se soit retrouvée dans les fonds marins des côtes grecques, à la suite du naufrage d’un navire provenant d’Alexandrie, en Égypte.Peu avant Pâques 1900, deux caïques de pêcheurs d’éponge grecs (au scaphandre) de Symi, l’Euterpe et la Calliope, en route vers l’Afrique du Nord, font escale sur la côte nord-est d’Anticythère, devant s’y abriter à cause d’une tempête au large.Le 4 avril 1900, profitant d’une accalmie, l’un des plongeurs, Elias Lykopantis (ou Stadiatis), remonte et raconte qu’il a vu des hommes nus et des chevaux : il vient de découvrir par hasard l’épave antique gisant par 62 mètres de fond environ.

Il en remonte un objet de la cargaison, la main d’une statue en bronze — elle appartient à la statue dite du Philosophe. Les pêcheurs ne modifient pas leurs plans pour autant, et ce n’est qu’au retour, à l’automne, qu’ils avertissent les autorités grecques — plutôt que le gouvernement ottoman dont Symi dépend à l’époque — par patriotisme hellénique. Le gouvernement grec dépêche aussitôt sur place des navires de sa marine de guerre, le 24 novembre 1900. Les opérations de renflouement de l’épave durent jusqu’en septembre 1901, et se soldent par la mort accidentelle d’un pêcheur et la paralysie de deux autres, frappés par le mal des profondeurs.

De nombreuses statues et statuettes en bronze et en marbre en sont retirées, dont la plus célèbre est un éphèbe, dit éphèbe d’Anticythère, souvent attribué à Euphranor ou à Lysippe (ces découvertes remplissent actuellement trois salles du Musée national archéologique d’Athènes), ainsi que des objets divers (instruments chirurgicaux, lyre en bronze, etc.).

On considère que la découverte de la machine à proprement parler date du 17 mai 1902 quand l’archéologue Valerios Stais s’aperçoit qu’un agglomérat rapporté du site recèle des inscriptions et des engrenages incrustés. Un examen révèle qu’il s’agit d’un mécanisme oxydé, dont il reste trois morceaux importants et 82 fragments plus petits.

En 1976, la Calypso est sur place et l’équipe du commandant Cousteau explore l’épave. Elle y découvre 36 pièces d’argent et quelques pièces de bronze frappées à Éphèse et Pergame, qui ont permis de préciser la date du naufrage et la provenance probable du navire : en -86, l’armée romaine reconquiert la Grèce et met la ville de Pergame à sac. Le navire, à destination de Rome, aurait sombré lors d’une tempête. On retrouve également dans l’épave des amphores provenant de Rhodes et de l’île de Kos, qui ont pu être datées de la même époque que celle des pièces, ainsi que des verreries et de nombreuses sculptures de bronze et pierre, évoquant un butin.

Études au XXIe siècle

Comme il est impossible de démonter le mécanisme fortement corrodé sans l’endommager gravement et que les moyens d’étude classiques, tel que la radiographie, s’avéraient inadaptés, toute nouvelle étude du disque fut bloquée ; en 2000, l’astronome Mike Edmunds de l’université de Cardiff et le mathématicien Tony Freeth eurent l’idée d’utiliser un scanner à rayons X.

Pour étudier un si petit objet (de quelques centaines de grammes), il faut construire un scanner à rayons X (en fait, un tomographe à la fois de très haute résolution et de 450 kilovolts pour que le faisceau puisse traverser l’objet dans le sens de la longueur), pesant, avec sa console, plus de huit tonnes. L’appareil, construit par X-Tek Systems11, s’avère capable de reconstituer et produire des images tridimensionnelles avec une précision de 50 microns.

Pour parachever cette nouvelle expertise scientifique, Edmunds rassembla, à l’automne 2005, une équipe pluri-disciplinaire associant des astronomes, des physiciens, des mathématiciens et des paléographes des trois universités les plus concernées, en impliquant les départements suivants :

  • Université de Cardiff, école de physique et d’astronomie (82 personnes) ;
  • Université d’Athènes : section d’astronomie, astrophysique et mécanique, dirigée par le professeur Triberis Georges (responsable : Pr Xénophon Moussas) (71 personnes);
  • Université Aristote de Thessalonique : section d’astrophysique, astronomie et mécanique du département de physique (72 personnes). (responsable : Pr John Seiradakis).

Pour Xénophon Moussas, directeur du laboratoire d’astrophysique de l’université d’Athènes, qui participe aux investigations en cours sur le disque, la machine est plus complexe que les astrolabes connus jusqu’alors qui ne comportent que quelques engrenages et roues à dents.

Avec son équipe, Xénophon Moussas a réussi à déchiffrer 2 000 nouveaux caractères — Price n’en avait déchiffré « que » 900 —, y compris sur les disques à l’intérieur de la machine. Ces textes sont à la fois un mode d’emploi de l’appareil et un traité d’astronomie. Quatre cadrans « au moins » — et non pas trois — indiquent les positions du Soleil et de la Lune, et un plus petit cadran décrit les phases de la Lune. Il est désormais certain qu’il s’agissait d’un calculateur analogique qui décrivait les mouvements solaire et lunaire, sans que l’on puisse à proprement parler d’horloge astronomique car le mécanisme était actionné par une manivelle. Elle servait également à prévoir les éclipses et aurait pu aussi servir à prédire les mouvements de certaines planètes.

D’autre part, la forme des caractères, comparée à celles d’autres inscriptions de la même époque, conduit les experts à dater la pièce de la fin du IIe siècle avant notre ère. L’équipe du projet de recherche a communiqué les résultats des analyses en cours lors d’une conférence internationale à Athènes, le 30 novembre et le 1er décembre 2006. La première publication a été faite par la revue scientifique Nature.En 2011, l’entreprise Hublot reproduit la machine d’Anticythère en la miniaturisant à l’échelle d’une montre bracelet.

Description :

La machine d’Anticythère comprenait :

  • un châssis en bois : ses dimensions étaient proches de 340 x 180 x 90 mm ; il comportait deux portes, une à l’avant, et une à l’arrière portant des inscriptions se référant à son fonctionnement et aux cycles présentés.
  • un mécanisme à engrenages : 82 fragments ont été retrouvés lors de différentes campagnes de recherche, dont 4 comprennent une ou plusieurs roues dentées, et 16 autres des inscriptions ou détails significatifs.

Le mécanisme occupe le volume d’un boîtier haut de 210 mm, large de 160 mm et épais de 50 mm (dimensions d’un livre de taille moyenne).

Engrenages :

Fabriqué en bronze, le mécanisme est constitué d’une trentaine de roues dentées qui ont été identifiées (il a pu en comprendre d’autres), probablement actionnées par une manivelle. Son fonctionnement, basé sur une modélisation mathématique de la course des astres, repose sur la rotation d’engrenages de tailles différentes entraînant des aiguilles indiquant la position des astres à un moment donné.

Selon Freeth, une clé ou une manivelle (manquante) sert à actionner la roue principale qui entraîne l’ensemble des engrenages et les aiguilles nécessaires à la lecture des indications. La face avant possède un cadran circulaire à 365 positions (représentant les 365 jours du calendrier égyptien) et deux cadrans (indiquant les positions de la Lune et du Soleil par rapport au Zodiaque).

La face arrière comporte deux cadrans en spirale représentant deux calendriers astronomiques utilisés pour prédire des éclipses de la Lune et du Soleil : un cadran à 235 positions (correspondant au cycle de Méton de 19 ans, soit 235 lunaisons), et un cadran à 223 positions (correspondant au saros, cycle d’un peu plus de 18 ans, exactement 223 lunaisons ou 6585 jours 1/3).

Les nombres qui interviennent dans les engrenages sont principalement :

365 : nombre de jours du calendrier égyptien
19 : nombre d’années du cycle de Méton
235 : nombre de lunaisons du cycle de Méton
239 : nombre de mois anomalistiques dans un saros
223 : nombre de lunaisons dans un saros
127 : (235 + 19)/2
53 : (2*127*223 – 235*239)/9. Ce nombre intervient dans le taux annuel de rotation de l’orbite elliptique de la Lune

 

Utilisation :

On tourne la clé ou la manivelle pour régler le mois et l’année sur le cycle métonique, le calendrier égyptien placé sur l’autre face permettant de régler le jour.

Pour prédire une éclipse, on fait tourner la manivelle jusqu’à ce que l’aiguille du cadran du Saros tombe sur une inscription correspondant à une éclipse. Le cadran métonique indique alors le mois et l’année de cette éclipse. Pour calculer le jour précis de l’éclipse, on se reporte sur la face avant et on tourne la manivelle pour mettre les aiguilles indiquant les positions de la Lune et du Soleil en phase (position de la nouvelle lune pour une éclipse solaire) ou en opposition de phase (position de la pleine lune pour une éclipse lunaire), l’aiguille du calendrier égyptien indiquant le jour précis de l’éclipse.

Cette méthode est relativement fiable pour les éclipses lunaires, visibles de toute la Terre, mais seulement probable pour les éclipses solaires, celles-ci n’étant visibles que sur une étroite bande de la Terre. D’autres cadrans donnent des informations complémentaires, telles que la date des divers jeux antiques. La machine peut aussi donner l’heure de l’éclipse et prédire sa couleur (la Lune prend une couleur rouge lors de certaines éclipses). Elle est considérée comme le plus bel exemple mécanique des mathématiques de la Grèce antique.

Les inscriptions :

Elles sont composées de plus de 2 200 lettres grecques. Ces lettres gravées sur le bronze sont petites (1,5 à 2,5 mm de hauteur) et plus ou moins érodées. Leur graphisme indique leur datation aux alentours de 100 avant J.-C.

Les inscriptions, déchiffrées à 95 %, se divisent en deux types :

  • un texte astronomique « étrange » à l’avant du mécanisme (les mots Vénus, Hermès/Mercure, le zodiaque y apparaissent).
  • un « mode d’emploi » à l’arrière, combinant des indications sur les roues dentées, les périodes de ces roues et les phénomènes astronomiques.

La nature des inscriptions suggère une origine sicilienne (Syracuse), où vivaient les héritiers d’Archimède. Il apparait sur le cadran supérieur les noms de six villes accueillant des jeux panhelléniques, dont cinq noms ont pu être déchiffrés, dont celui d’Olympie. Ce cercle divisé en quatre secteurs tournait d’un quart de tour pour une année, décrivant ainsi le cycle d’une olympiade.

Objets similaires dans la littérature antique :

Cicéron évoque deux machines semblables (un planétarium mécanique, et probablement une « sphère céleste automatique », dont l’une au moins aurait été fabriquée au IIIe siècle av. J.-C.).

La première, sûrement construite par Archimède, se retrouva à Rome grâce au général Marcus Claudius Marcellus. Le militaire romain la ramena après le siège de Syracuse en 212 avant J.-C., où le savant grec trouva la mort.

Marcellus éprouvait un grand respect pour Archimède (peut-être dû aux machines défensives utilisées pour la défense de Syracuse) et ne ramena que cet objet du siège. Sa famille conserva le mécanisme après sa mort et, selon Cicéron, Lucius Furius Philus l’examina avec Caius Sulpicius Gallus au cours du IIe siècle av. J.-C..

Il le décrit comme capable de reproduire les mouvements du Soleil, de la Lune et de cinq planètes :« Hanc sphaeram Gallus cum moveret, fiebat ut soli luna totidem conversionibus in aere illo quot diebus in ipso caelo succederet, ex quo et in [caelo] sphaera solis fieret eadem illa defectio, et incideret luna tum in eam metam quae esset umbra terrae, cum sol e regione… ».

Traduction :

« Lorsque Gallus actionnait cette sphère, il se produisait que la Lune succédait au Soleil en autant de tours dans le cuivre que de jours dans le ciel même, par quoi il se produisait aussi dans le cadran du Soleil le même retard, et la Lune tombait dans le cône constitué de l’ombre de la terre au moment même où le soleil, dans la direction… (lacune) »

Cicéron mentionne un objet analogue construit par son ami Posidonios.

Les deux mécanismes évoqués se trouvaient à Rome, cinquante ans après la date du naufrage d’Anticythère. On sait donc qu’il existait au moins trois engins de ce type.

Par ailleurs, il semble que la machine d’Anticythère s’avère trop sophistiquée pour ne constituer qu’une œuvre unique

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Paix et sincérité à tous !

Eveil-delaconscience

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