Sécheresse, inondations, maladies, migrations, pénurie alimentaire, risque de conflits…  « La probabilité d’impacts graves, étendus et irréversibles s’accroît avec l’intensification du réchauffement », avertit le 5e rapport du Groupe intergouvernemental d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat (Giec). Ce réquisitoire intitulé « Changement climatique 2014: impacts, adaptation et vulnérabilité », recense les impacts déjà observables du changement climatique, mais aussi les risques encourus et les pistes pour s’y adapter. En voici les 10 principaux points :

1- LES IMPACTS AUJOURD’HUI :

« L’interférence des activités humaines avec le système climatique est en cours et le changement climatique pose des risques pour les systèmes humains et naturels » explique le rapport.

Ces dernières décennies, le changement climatique a eu des impacts « sur tous les continents et dans les océans », essentiellement sur les systèmes naturels. Dans de nombreuses régions, le changement dans les régimes de précipitations et la fonte des neiges/glaciers ont modifié les systèmes hydrauliques, « affectant les ressources en eau en quantité et en qualité ».

Le changement climatique a eu un impact plus « négatif » que positif sur la production alimentaire (blé et maïs), et l’aire de répartition, le nombre d’individus ou les pratiques migratoires de nombreuses espèces marines et terrestres se sont modifiés.

2 – LES RISQUES AU COURS DU SIECLE :

D’après le Giec, « la probabilité d’impacts graves, étendus et irréversibles s’accroît avec l’intensification du réchauffement climatique ». Les risques sont « élevés à très élevés » avec une hausse moyenne de 4°C par rapport à la période pré-industrielle (« extinction substantielle d’espèces », « risques importants pour la sécurité alimentaire »), mais certains risques deviennent « considérables » dès un réchauffement de 1 à 2°C. Une augmentation d’environ 2°C par rapport à la période pré-industrielle pourrait entraîner une perte d’entre 0,2 et 2% des revenus annuels mondiaux.

3 – MOINS D’EAU DISPONIBLE :

« La part de la population mondiale confrontée à des pénuries d’eau ou affectée par d’importantes inondations va s’accroître avec le niveau du réchauffement au 21e siècle », souligne le rapport. Et cette réduction « significative » des eaux de surface et souterraines dans la plupart des régions subtropicales sèches, s’accompagne d’une baisse notable de sa qualité. En revanche, l’eau disponible sera plus importante dans les pays du Nord.

4 – PLUS D’INSECURITE ALIMENTAIRE :

« Tous les aspects de la sécurité alimentaire sont potentiellement affectés par le changement climatique » comme l’accès aux ressources ou la stabilité des prix, alors que la demande mondiale va augmenter. Selon les experts du Giec, là encore les pays du Sud sont les plus exposés.

La carte des zones de pêche devrait être redessinée avec des espèces marines plus nombreuses dans les latitudes moyennes et hautes, et en baisse autour des tropiques avec « de forts taux d’extinction au niveau local ».

Et le rapport anticipe également une baisse globale des ressources des océans d’ici à la fin du siècle, quel que soit le niveau de réchauffement. Sur terre, la production de blé, maïs et riz devrait être affectée avec une hausse locale du thermomètre de 2°C par rapport aux niveaux de la fin du 20e siècle, « même si certaines régions pourraient en tirer bénéfice ». D’après le Giec, la situation s’aggrave après 2050.

5 – PLUS DE PAUVRETE :

Le changement climatique va « ralentir la croissance économique, rendre plus difficile la réduction de la pauvreté (…) et créer de nouvelles poches », notamment dans les villes.

6 – CONFLITS ET INSECURITE EN HAUSSE :

Plus de déplacements de population, et augmentation à craindre de « risques de conflits violents » avec « une aggravation des facteurs classiques que sont la pauvreté et les chocs économiques ». Risques de conflit entre Etats avec des rivalités autour de ressources plus rares, comme l’eau ou les stocks de poissons, ou de nouvelles opportunités générées par la fonte des glaces.

7 – INONDATIONS ET EROSION :

Elles vont de plus en plus affecter les zones côtières et basses terres en raison de la hausse du niveau de la mer. « La population et les biens exposés vont significativement augmenter » à cause de la croissance démographique et l’urbanisation. Par ailleurs, la proportion de la population affectée par des crues majeures va augmenter.

8 – PROBLEMES SANITAIRES :

Augmentation des problèmes de santé attendus dans de nombreuses régions, spécialement les pays en développement (accroissement des vagues de chaleur intenses, mauvaise nutrition ou encore maladies liées à la contamination de l’eau ou de la nourriture).

9 – RISQUES D’EXTINCTION D’ESPECES ACCRUS :

Ces risques concernent « une large partie » des espèces terrestres et marines, dont de nombreuses « ne seront pas capables de se déplacer suffisamment rapidement pour trouver des climats plus adaptés » Des écosystèmes marins cruciaux, comme ceux des pôles et les barrières de corail, sont particulièrement exposés avec l’acidification des océans. Hausse de la mortalité des arbres dans de nombreuses régions.

10 – S’ADAPTER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE :

« Les risques liés au changement climatique peuvent être réduits en limitant sa vitesse et son ampleur », rappelle le Giec, qui préconise néanmoins des mesures « d’adaptation » au réchauffement attendu.

Exemples de mesures préconisées: installation de systèmes d’alertes, abris contre les cyclones et inondations, protection des mangroves pour épargner les côtes, stockage d’eau, techniques d’irrigation plus économes en eau, nouvelles pratiques agricoles, programmes de vaccination, création de zones protégées… mais aussi protection de groupes vulnérables, diversification de l’économie, ou encore meilleure estimation des fonds nécessaires pour l’adaptation.

Un travail titanesque :

Le document du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) de l’ONU, prix Nobel de la paix, est le fruit d’un immense travail – 12.000 publications passées en revue – et constitue l’état des lieux scientifique le plus complet depuis le rapport de 2007.

Depuis lors, le monde s’est réuni sans grand succès à Copenhague, Cancun puis Durban, pour tenter de trouver un accord international contraignant afin de lutter contre le réchauffement. Le prochain rendez-vous mondial se déroulera à Paris en 2015 avec en guise de « livre de chevet » le « Résumé pour décideurs », une synthèse du rapport du Giec.

Les travaux du Giec (195 pays) servent en effet de base à ces difficiles négociations internationales sur le financement des actions d’adaptation et la réduction des gaz à effet de serre: l’objectif est de limiter le réchauffement à 2°C en moyenne par rapport aux niveaux pré-industriels, la planète ayant déjà pris 0,8°C et la trajectoire actuelle nous conduisant vers +4°C à la fin du siècle.

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