Si vous croyez que l’on vous annonce des théories, vous êtes un théoricien – si vous croyez qu’il n’existe pas de complots et/où une mainmise dans un quelconque postulat, vous êtes un ignorant.

Si l’on en croit l’un des milliers de câbles diplomatiques diffusés par WikiLeaks fin 2010, et un livre de Guillaume Lebeau, «Planète Complots», le tour du monde des théories conspirationnistes, Nicolas Sarkozy aurait annoncé aux Américains le 1er août 2005 qu’il serait candidat à l’élection présidentielle de 2007.

Une primeur que les citoyens français ne goûteront, eux, que le 29 novembre 2006. Une primeur réservée aux meilleurs amis ?

« Nicolas Sarkozy est le président français le plus pro américain depuis la Seconde guerre mondiale, il est actuellement le dirigeant le plus influent en Europe », aurait écrit l’ambassadeur américain à Paris.

L’atlantisme de Nicolas Sarkozy n’est pas un secret. Son rêve américain, non plus. Mais peut-on imaginer que ses liens avec les États-Unis soient plus étroits encore ?

Le 19 juillet 2008, un article publié par le Réseau Voltaire sur son site Internet , intitulé « Opération Sarkozy :

comment la CIA a placé un de ses agents à la présidence de la République française » provoque un petit séisme dans l’univers conspirationniste français.

Selon son auteur, le président Nicolas Sarkozy, non content d’être coupable de tropisme atlantiste, aurait tissé des liens privilégiés avec le renseignement américain.

Cet article a d’abord été publié sur le site Internet du Réseau Voltaire, avant de disparaître du Net, du moins dans sa version française.

Durant cette période, la paternité du texte a été mise en doute par certains des adeptes habituels de son auteur Thierry Meyssan, tant il suintait l’antisémitisme.

Des commentateurs de la mouvance conspirationniste ont émis l’hypothèse que le véritable auteur du texte était Emmanuel Ratier, un prolifique journaliste d’extrême droite spécialisé dans la dénonciation du péril juif.

L’information est immédiatement relayée et crée une incroyable rumeur. Lorsque l’article devient indisponible, quelques jours après sa mise en ligne, les complotistes s’emballent et parlent de piratage informatique du site, et de censure déclenchée au plus haut niveau de l’État français.

Retour sur un complot hexagonal.

Tout commence le 25 avril 2008, au Kazakhstan. Durant un colloque intitulé « Eurasian Media Forum », Thierry Meyssan, journaliste d’investigation très controversé, affirme qu’il existerait un lien familial entre Nicolas Sarkozy et Frank Georges Wisner, haut fonctionnaire au Département d’État américain.

Ce dernier est le fils de Frank Wisner Senior, un haut responsable de l’Agence. Mort en 1965, il a été directeur du bureau de coordination politique des opérations spéciales de la CIA. On le dit également à l’origine de la création du groupe de Bilderberg  dans l’immédiat après-guerre.

La femme de Wisner Junior, Christine de Ganay  est donc, affirme Meyssan, l’ancienne épouse de Pal Sarkozy, père de Nicolas. Toujours selon le journaliste, Nicolas Sarkozy serait resté très proche de sa belle-mère et de sa famille américaine. Il suggère également que la CIA aurait piloté la destruction de la tendance gaulliste de la droite française, au profit de Nicolas Sarkozy.

Que l’actuel président de la République aurait même été formé par le Département d’État américain  !

Tandis que la famille Rothschild aurait placé ses hommes dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, aidée par Charles Pasqua, « officier d’honneur du Mossad ».

Ce très large faisceau de présomptions agite rapidement la blogosphère conspirationniste, qui ne tarde pas à en faire des gorges chaudes.

« Que l’on comprenne bien le sens de cet article : il ne s’agit pas de reprocher à M. Sarkozy ses liens familiaux, amicaux et professionnels, mais de lui reprocher d’avoir caché ses attaches aux Français qui ont cru, à tort, élire un homme libre.

Pour comprendre comment un homme en qui tous s’accordent aujourd’hui à voir l’agent des États-Unis et d’Israël a pu devenir le chef du parti gaulliste, puis le président de la République française, il nous faut revenir en arrière. Très en arrière. » , prévient en préambule de son article Thierry Meyssan.

Meyssan remonte ainsi jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, implique des réseaux corses, la filière de la banque Rothschild et les casinotiers .

Il déroule une fascinante généalogie de Nicolas Sarkozy : « Sa mère est devenue la secrétaire d’Achille Peretti. Après avoir co-fondé le SAC, le garde du corps de De Gaulle avait poursuivi une brillante carrière politique.

Il avait été élu député et maire de Neuilly-sur-Seine, la plus riche banlieue résidentielle de la capitale, puis président de l’Assemblée nationale. […]

En 1982, Nicolas Sarkozy, […], épouse la nièce d’Achille Peretti.

Son témoin de mariage est Charles Pasqua. En tant qu’avocat, M. Sarkozy défend les intérêts des amis corses de ses mentors. Il acquiert une propriété sur l’île de beauté, à Vico, et imagine de corsiser son nom en remplaçant le « y » par un « i »: Sarkozi. »

Nicolas Sarkozy, né en 1955, est le fils de Pal Sarkösy de Nagy-Bocsa, réfugié en France après avoir fui l’Armée rouge, et d’Andrée Mallah. Le couple aura trois enfants, Guillaume, Nicolas et François avant de divorcer.

Pal Sarkosy se remarie avec Christine de Ganay, dont il aura deux enfants, Pierre-Olivier et Caroline. En 1977, il se sépare de sa seconde épouse, Christine de Ganay. Cette dernière épouse Frank G. Wisner et s’installe avec lui en Amérique.

Frank G. Wisner est, nous l’avons vu, le fils d’un ancien directeur de la CIA, mais aussi l’un des supposés artisans de l’Opération Résurrection , la tentative de coup d’État  en France en 1958 ayant débuté par l’établissement d’une tête de pont du 12e bataillon parachutiste de choc en Corse, ainsi que le cofondateur et financeur du SAC , avec Achille Peretti…

Selon Meyssan, Frank G. Wisner ne serait rien moins qu’à l’origine de la « montée en puissance de Nicolas Sarkozy », de la « destruction du courant gaulliste », de l’affaire Clearstream, ainsi que de la nomination de Bernard Kouchner au Quai d’Orsay.

Ce dernier se serait vu confier la double mission de construire l’indépendance du Kosovo et de liquider la politique arabe de la France.

L’agent traitant de Nicolas Sarkozy aurait ainsi agi en trois temps. Il aurait d’abord contribué à l’élimination de la direction du parti gaulliste et à la prise de contrôle de cet appareil par le futur président de la République française, puis à la neutralisation du principal rival de droite à l’investiture du parti gaulliste pour l’élection présidentielle, et enfin à l’éloignement de tout adversaire sérieux à gauche, de manière à rendre certaine l’élection de leur poulain à l’élection présidentielle. Tout ça sans faire appel à des astrologues !

Franck Georges Wisner, né en 1938, a été membre du conseil d’administration d’Enron – société texane de gaz naturel, mais aussi de courtage, et qui fit faillite en 2001, à la suite d’un gros scandale financier – de 1997 à 1999.

Fils de David Wisner, un ancien responsable de la CIA, Frank Wisner a servi au département d’État, avant de rejoindre la compagnie Enron puis HAKLUYT, société britannique de Business intelligence qui œuvre dans l’influence et le « renseignement d’affaires ».

Il est également membre du conseil du Rockefeller Brothers Fund, dont ont fait partie Dean Rusk, faucon de la guerre de Corée et de celle du Vietnam, Henry Kissinger, Edward Teller, initiateur du programme de militarisation de l’espace de Reagan, John Gardner, initiateur du programme de philanthropie stratégique de la Carnegie Corporation.

Des décideurs à l’échelle mondiale affiliés d’une quelconque façon aux services secrets de la première puissance mondiale, voilà Tom Clancy, Robert Littell et John Grisham, les trois plus grands auteurs de thrillers américains, soudain dépassés dans leur imagination par la réalité !

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, Wisner aurait participé à la constitution des fameux réseaux Stay Behind, censés lutter contre les communistes en cas de prise de pouvoir de ceux-ci. En France, un des principaux responsables de ces réseaux était François de Grossouvre, homme de l’ombre de François Mitterrand, suicidé officiellement en 1994.

La sphère conspirationniste s’interroge. Comment Madame de Ganay a-t-elle rencontré un diplomate américain de ce niveau, et réussi à se marier avec lui à l’issue de sa période de vie commune avec Pal Sarkozy ?

Pour certains complotistes, Pal Sarkozy aurait très bien pu faire partie d’un réseau proche de la CIA, du fait de ses origines hongroises et anticommunistes.

Pour compléter sa théorie, Thierry Meyssan signale également que Christine Lagarde, nommé par Nicolas Sarkozy ministre de l’Économie et des Finances, a construit sa carrière aux États-Unis. Là-bas, elle a dirigé le cabinet de juristes Baker & McKenzie. « Elle a organisé un intense lobbying pour le compte de Lockheed Martin Corporation, contre l’avionneur français Dassault », explique-t-il pour enfoncer le clou.

Au détriment de l’économie française, dont elle allait devenir la représentante, Christine Lagarde aurait donc favorisé l’entreprise aéronautique américaine.

Meyssan ajoute comme argument de preuve le fait que l’ancien couple Nicolas et Cécilia passe très souvent ses vacances à Wolfenboroo, non loin de la propriété du président Bush. Enfin, le journaliste attire l’attention sur Pierre-Olivier, demi-frère de Nicolas Sarkozy, nommé par Frank Carlucci – ancien numéro deux de la CIA –, directeur d’un fonds de placement du Carlyle Group. Signalons que cette société d’investissement américaine a géré les portefeuilles de la famille Bush et de Ben Laden…

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Paix et sincérité à tous !

Eveil-delaconscience

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