Hindouisme taj-mahal-at-night

L’hindouisme, ou sanātanadharma (sanskrit devanāgarī: सनातनधर्म – « Loi Éternelle »)

Qui n’a ni fondateur ni Église, est l’une des plus vieilles religions du monde encore pratiquées. Avec près d’un milliard de fidèles, c’est actuellement la troisième religion la plus répandue dans le monde après le christianisme et l’islam, issue du sous-continent indien qui reste son principal foyer de peuplement.

La particularité de l’hindouisme est de n’avoir ni prophètes ni dogmes centraux.

Cependant, les hindous contemporains croient en l’autorité du Veda, qui, selon la Tradition, fut révélé aux hommes, grâce à la « vision » des Rishi .

Ainsi, si l’origine de l’hindouisme peut être remontée à la civilisation de l’Indus (Sindhou), avec les premières manifestations de la culture indienne apparue aux environs du IIIe millénaire av. J.-C., sa forme récente remonte à la période védique, religion des Indo-aryens qui pénétrèrent l’Inde en 1500 av. J.-C.

L’hindouisme se présente en fait comme un ensemble de concepts philosophiques issus d’une tradition remontant à la Protohistoire indienne, la pratique hindouiste étant issue d’une tradition orale très ancienne. Cette religion a ainsi assimilé les croyances et les philosophies venues des nombreuses conquêtes et invasions qui se sont déroulées sur le sous-continent indien.

En conséquence, l’hindouisme a beaucoup évolué au cours du temps, des cultes phalliques ou de déesses-mères, présents dans la religion harappéenne (civilisation de la vallée de l’Indus), à sa forme triadique, en passant par le védisme aryen, polythéisme et le brahmanisme.

Au-delà du syncrétisme théologique, l’hindouisme d’avant les invasions islamiques et le colonialisme européen qui soumirent l’Inde à leur autorité, était un vecteur pour toutes les sciences :

le droit, la politique, l’architecture, l’astronomie, la philosophie, la médecine, etc., comme d’autres savoirs qui avaient en commun le substrat religieux.

hindouisme le Bangalore_Shiva

En 1966, la Cour suprême de l’Inde a défini le cadre de la foi hindoue comme suit 

  1. l’acceptation respectueuse des Vedas en tant que plus Haute Autorité sur les sujets religieux et philosophiques et l’acceptation respectueuse des Vedas par les penseurs et philosophes hindous comme base unique de la philosophie hindoue ;
  2. l’esprit de tolérance et de bonne volonté pour comprendre et apprécier le point de vue de l’adversaire, basé sur la révélation que la vérité comporte plusieurs apparences ;
  3. l’acceptation des six systèmes de philosophie hindoue et d’un rythme du monde qui connaît des périodes de création, de conservation et de destruction, périodes, ou yuga, se succédant sans fin ;
  4. l’acceptation de la croyance dans la renaissance et la préexistence des êtres ;
  5. la reconnaissance du fait que les moyens ou les manières d’accéder au salut (moksha) sont multiples ;
  6. le fait que, malgré le nombre des divinités à adorer, on peut être hindou et ne pas croire qu’il faille adorer des idoles ;
  7. à la différence d’autres religions, ou croyances, la religion hindoue n’est pas liée à un ensemble défini de concepts philosophiques.

La civilisation de la vallée de l’Indus, datant de l’âge du bronze, présente des éléments comparables à ceux de l’hindouisme, tel que les bains, les symboles phalliques comparés au Shiva lingam ainsi que des svastikas.

Un sceau découvert sur le site de Mohenjo-daro est parfois considéré comme une représentation d’un proto-Shiva, mais cette interprétation n’est pas reconnue par toute la communauté scientifique.

D’une façon générale, la nature exacte des relations entre la religion de la civilisation de la vallée de l’Indus et l’hindouisme restent conjecturales.

C’est durant la période védique, à l’âge de fer, entre 1500 et 600 avant J.-C, que les quatre Védas qui constituent les textes fondateurs de l’hindouisme sont composés.

Les rites principaux du védisme concernent le yajña, le sacrifice védique en l’honneur des deva. Plusieurs divinités du Rig-Veda ont été ensuite reprises ou révisées par l’hindouisme.

De 1000 à 600 avant J.-C, la portion concernant les mantras est complétée et le brahmanisme est florissant. Mais des textes comme le Shatapatha Brahmana viennent s’attaquer au ritualisme rigide et à l’élitisme de cette époque afin de favoriser l’approche mystique.

C’est également durant cette période qu’apparaît le Bouddha.

Bouddha

Au Moyen Âge, l’hindouisme, par le biais du théisme, retrouve un nouvel essor. L’hindouisme que l’on connaît aujourd’hui est principalement issu de ce nouveau courant qui a profité du déclin du bouddhisme des ive siècle et ve siècle.

Au xxe siècle, l’hindouisme se répand hors de l’Inde et en particulier en Occident. Vivekananda fait une première présentation en 1893 au Parlement mondial des religions à Chicago.

Divinités majeures et mineures :

Articles détaillés : Divinités du Sanatana Dharma et Avatar (hindouisme).

Statue de la divinité Ganesh

Les diverses incarnations (avatar) de la Trimurti (Krishna est un avatar de Vishnou) sont des divinités majeures. Les divinités mineures sont des créations ou des procréations des divinités majeures. Ganesh, qui est une divinité importante dans l’hindouisme, est lié à Shiva en tant que procréation ou création selon les mythes développés à son sujet.

Les dévas :

Statue de la divinité Lajjagauri ; on la nomme Lajjagauri (« déesse timide »), à cause de son visage en forme de fleur, qui symbolise l’impersonnalité, (ou l’immanence). Le corps féminin :

la Nature, et les cuisses écartées : soit l’enfantement réalisée du Monde phénoménal (les femmes indiennes accouchent accroupies), soit la possibilité de fertiliser une Nature domestiquée (déesse agraire).

La religion hindoue croit en l’existence d’entités célestes appelées devas (ou dévas).
Le féminin de deva est devî (ou dévî). La question de la nature de ces devas peut être analysée selon ces trois points :

  1. Selon la philosophie de l’Advaita Vedānta, et certains passages de la Bhagavad-Gîtâ, des Upanishads et des Vedas ; tous les devas sont les manifestations sous une forme mondaine du Seigneur suprême (Îshvara). Le dévot conçoit des formes anthropomorphiques de Dieu dans son esprit afin de l’adorer. Le Rig-Veda dit : ekam sat vipra bahudha vadanti — « Le Vrai Dieu est Un, bien que les sages s’adressent à lui par des noms multiples ». Ce point de vue est celui que considère strictement la secte de Smarta.
  2. Selon les philosophies du Nyâya, du Vaishéshika, du yoga, de certains vers de la Shruti et de certaines pensées Shivaites et Vaishnavites, les devas sont ces êtres célestes subordonnés au Seigneur suprême (Îshvara), mais sont au-dessus des humains.
  3. Selon la philosophie de la Mimâmsâ, tous les devas et devîs sont les souverains des forces de la nature et Îshvara n’existe pas.
  4. Pour faire en sorte qu’un désir soit réalisé, les humains doivent plaire à un ou plusieurs de ces devas et doivent les adorer avec des rites rigoureusement codifiés.

Les textes védiques les plus anciens recensent 33 devas. Par la suite, des chiffres exponentiels (jusqu’à 330 millions) ont été créés, mais toujours en gardant à l’esprit que le Brahman est omniprésent.

Plus précisément, les écritures hindoues et la plupart des pensées Shaivites et Vaishnavites considèrent le deva comme une combinaison de deux premiers points de vue ; par exemple, Krishna est considéré comme Îshvara et tous les dieux lui sont subordonnés, et simultanément, tous les autres dieux sont vus comme les manifestations mondaines de Krishna. Mais la troisième conception n’est pas mentionnée dans les écritures.

Quelle que soit la nature des devas (aussi appelé dévatâs), ils sont une partie intégrante de la culture hindoue. Les 33 devas védiques incluent IndraAgniSomaVarunaMitraRudraPrajâpatiVishnuAryaman et les Ashvins ; les devîs importantes étaient SarasvatîÛshâ et PrithiviIndra est le roi des dieux (Vishnou, pour un vishnouite, est le Dieu des dieux).

Bien que la mythologie hindoue mentionne plusieurs classes d’êtres démoniaques (les rakshasas, les daityas, les dânavas, les pishâchas ou les non-dieux, les asuras), opposés aux esprits célestes (appelés devas), GandarvasVidyadharas, elle ne croit pas au concept du Mal.

« Les oppositions, dualités, polarités, sur lesquelles insiste tant l’hindouisme, ne sont pas constituées par des entités indépendantes, fixes, aux caractères immuables et contradictoires telles que le christianisme populaire se représente Dieu et le Diable.

» Cela signifie que le mal dans le monde n’est pas attribué à une force supérieure mais à l’ignorance humaine et donc comme une conséquence possible du libre arbitre et de la Nature. La mythologie indienne n’oppose pas le Bien contre le Mal :

les batailles sont celles de classes d’êtres contre d’autres, d’une idée contre une autre, où les plus nobles sortent victorieuses.

On trouve parmi les dévas, les lokapālas (les divinités du védisme recyclées dans le panthéon du sanatana dharma), les navagrahas (les neuf planètes de l’astrologie indienne).

La syllabe mystique OM : Article détaillé : Om̐.

L’Omkara (ouAum)

Om (ou Aum) est un des symboles sacrés de l’hindouisme. C’est le son primordial qui surgit du chaos avant la Création, il est la source de l’existence.
Il est utilisé comme préfixe et parfois suffixe aux mantras et à toute prière hindoue. Il représente la contraction des trois états de la matière : SattvaTamas et Rajas, et représente l’univers.

Écrit « Om », il est la contraction de Aum, « m » étant la résonance et « o », la vibration originale.

Ôm en languetamoule

 

Le son Ôm (ou Aum, ॐ) est empli d’un message symbolique profond : il est considéré comme la vibration primitive divine de l’Univers qui représente toute existence, entourant toute nature dans Une Vérité Ultime.

Ainsi, le son, produit d’une façon prolongée, résultat de la combinaison de trois sons A-U-M (de la triade à l’unité), signifie « ce qui a été, est et sera », et possède, pour ceux qui se vouent à la méditation, une force à la fois magique et religieuse.

Une Upaniṣad affirme :

« Comme s’agglomèrent toutes les feuilles enfilées sur une tige qui les traverse, de même toute parole se fond dans le son OM. Le son OM est tout cet univers. »

 

Bouddha dans l’hindouisme :

Bouddha est vénéré par les hindous en tant qu’avatâr deVishnou.

Article détaillé : Bouddha dans l’hindouisme :

Dans l’hindouisme, Bouddha est considéré comme un Avatar de Vishnou. Dans les textes pouraniques, il est le vingt-quatrième des vingt-cinq avatars, préfigurant une prochaine incarnation finale.

Un certain nombre de traditions hindoues parle du Bouddha comme du plus récent, précédent l’avatar à venir Kalkî des dix avatars principaux, connus sous le nom de Dashâvatar (Dix Incarnations de Dieu).

Croyances, rituels et pratiques communes :

Les quatre buts de la vie :

Article détaillé : Purushartha.

En parallèle des quatre périodes de la vie hindoue, l’hindouisme considère qu’il existe quatre buts à l’existence ou pouroushârtha. Les désirs humains étant naturels, chacun de ces buts sert à parfaire la connaissance de l’homme puisque, par l’éveil des sens et sa participation au monde, il en découvre les principes. Cependant, l’hindou doit se garder d’en être charmé, sous peine d’errer sans fin dans le cycle du samsâra.

Kâmadêva, la divinité de l’amour et du désir (Kama)

  1. Kâma ou le désir : et plus particulièrement le désir et le plaisir amoureux. Dans la mythologie, le dieu Amour, kâma est la source de la création. Les Kâmasûtra exposent les moyens d’exalter les sens et d’épanouir la vie de couple. L’homme et la femme s’unissent et recréent l’unité divine. Le plaisir doit être dirigé dans le but de la connaissance et ne doit pas devenir un mode de vie qui conduirait à accomplir des actes immoraux ou adharmiques (contraire au Dharma, voir ci-dessous).
  2. Artha ou la prospérité matérielle : L’homme doit participer à la société en se créant un patrimoine et des relations qui seront le fruit de son travail. Il doit faire attention de ne pas se faire abuser par le charme d’une vie d’aisance, mais doit en retirer un enseignement. La période de Grihastha est propice au développement de ce but.
  3. Dharma ou le devoir : Le Dharma doit diriger toutes les quatre périodes de la vie hindoue. Le devoir permet à l’homme de poursuivre sa vie sur le droit chemin, en se conformant au droit et à la morale qui sont transcrits dans les Dharma-Sûtra ou la Manu-Samhitâ dit Lois de Manu.
  4. Moksha ou la délivrance : Durant les deux dernières périodes de la vie de l’hindou, celui-ci recherche moksha, la libération du cycle des réincarnations. Mais il s’agit surtout du but de la vie de l’Hindou qui peut y parvenir selon différents moyens, comme le Bhakti-Yoga (voir philosophie indienne). D’après la tradition hindoue, l’homme qui a manqué sa délivrance doit parcourir un cycle de 8 400 000 re-naissances dans d’autres conditions que la condition humaine avant d’y accéder à nouveau
  5. . Néanmoins, il ne faut pas oublier que pour l’hindouisme, grâce à la bhakti (dévotion), même un animal peut atteindre la Délivrance grâce à sa dévotion envers une divinité, contrairement au bouddhisme, aujaïnisme ou au sikhisme, religions indiennes qui considèrent qu’il faut être né humain pour pouvoir accéder au moksha. La conquête de cette liberté absolue constitue le but de toutes les philosophies et de toutes les techniques mystiques indiennes.

Ces vers de Kâlidâsa résument parfaitement cette pensée :

« Enfants, ils s’attachent à l’étude ; jeunes gens, recherchent les plaisirs ; vieillards, pratiquent l’ascèse ; et c’est dans le yoga qu’ils achèvent leur existence. »

Les quatre étapes de la vie :

La vie spirituelle d’un hindou est traditionnellement divisée en quatre stades ou âshrama.

Ces quatre stades sont étroitement liés aux quatre buts de la vie, chacun de ces stades permettant d’atteindre au mieux ces buts. Cette rigueur permettait d’accéder à une vie spirituelle remplie.

  1. Le Brahmacarya est la période de la vie de l’éducation. Elle consiste en l’étude approfondie des textes sacrés, principalement des Vedas. Ce stade est réservé aux enfants et aux étudiants, la chasteté et la continence en sont les principales vertus. Le guru ou maître spirituel est alors considéré comme le représentant de la divinité, l’élève lui doit obéissance et respect.
  2. Le gṛhastha correspond aux nécessités de suivre une vie active et mondaine : c’est celle du père de famille dans la force de l’âge dont le but est d’avoir une descendance et doit s’enrichir pour la survie de sa famille.
  3. Le Vânaprastha est le stade qui correspond à une vie de retraite loin des attachements de la vie matérielle et de la famille. Une fois les buts matériels réalisés, l’observant quitte son foyer pour obtenir le salut.
  4. Le Samnyâsa est le dernier stade de la vie qui permet d’atteindre Moksha, la libération spirituelle.

Aujourd’hui, ces observances ne sont plus suivies avec rigueur. La philosophie de la bhakti qui consiste au culte des dieux tend à supplanter cette tradition.

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